KORDIAN

d’après Juliusz Słowacki

Kordian

Référence de la jeunesse polonaise révoltée, Kordian est un jeune idéaliste en quête de sens, engagé dans une double lutte pour la libération de son peuple et de lui-même dans un monde où « les Sphinx se sont multipliés », où ni la religion ni la gloire, non plus que la poésie ou l’amour, ne suffisent face au triomphe de la rationalité moderne.

L’auteur

Juliusz Słowacki (1809 – 1849) est un poète majeur du romantisme polonais. Après l’nsurrection de novembre 1830, il s’exile à Paris puis en Suisse où il écrit Kordian et Balladyna, pièces d’inspiration shakespearienne mêlant le rire au tragique. Redécouvertes au XXème siècle, elles ont été notamment mises en scène par Jergy Grotowski, Leon Schiller, Erwin Axer, et Tadeusz Kantor.

Mise en scène

Portant notre attention sur les actes I et II, nous avons fragmenté, coupé, recomposé le texte original pour en faire le drame d’une rencontre avec sa mort.

De ce décalage, sont nées des images comme autant de prolongements poétiques au texte de Słowacki.

Kordian est devenu une femme qui « s’est suicidée – en pleine jeunesse », suicide à entendre au sens d’une liberté qui se serait inclinée devant la fausse prodigalité de l’argent, du savoir et de l’amour. Comment peut-elle alors se contempler dans le miroir que la mort vient lui tendre ?

Pour le comprendre, nous avons attribué à chaque fragment du poème dramatique une action concrète, indépendante, comme une voix supplémentaire sur la portée du spectacle. Inscrite en contrepoint de la matière textuelle, elle dessine des mouvements tantôt parallèles, tantôt contraires, parfois obliques.

Ainsi, une partition s’élabore où parmi les échos de grands mythes – Faust, la tentation de Saint-Antoine, le Théorème de Pasolini – s’élève pour qui prête l’oreille le chant de Kordian : chant lucide, libératoire, de la désillusion.